Des jardins et des femmes
Si les grands jardiniers, comme les grands cuisiniers, sont presque tous des hommes, le jardin est depuis des temps immémoriaux une affaire de femmes. Prolongement de la maison, espace domestique, le jardin familial a longtemps été un territoire de femmes. Pour des raisons pratiques de proximité, pour son lien étroit avec la cuisine et la médecine familiale, cette emprise féminine sur le potager est probablement aussi ancienne que les jardins eux-mêmes. Déjà, le « Ménagier de Paris », ouvrage de 1393, écrit par un bourgeois d'une cinquantaine d'année pour sa jeune épouse, témoigne de cette appartenance du potager au monde féminin. L'ouvrage se veut un guide à l'attention de la maîtresse de maison modèle de son temps, il comprend une partie sur la culture et l'entretien du jardin, placés sous la responsabilité féminine.
Cette répartition se retrouve jusqu'à nos jours dans la société rurale où les travaux des champs, des bois sont le lot des hommes, alors que le potager, et encore plus la culture des fleurs restent l'apanage des femmes. Cette répartition est bien sûr schématique, et on trouvera nombre d'exceptions pour confirmer la règle, mais en général, si vous avez envie de prendre une leçon de jardinage au contact de vos voisins, adressez-vous plutôt à la « patronne ».